MYLA®

Spectra Biologie a rencontré Madame le Professeur Emmanuelle CAMBAU, médecin biologiste et chef de service du laboratoire de bactériologie de l’hôpital Lariboisière à Paris, et Monsieur le Docteur Gauthier PÉAN DE PONFILLY, médecin biologiste et assistant spécialiste. Ils nous font part de leur expérience de la solution MYLA® – BACT/ALERT® VIRTUO®.

 



Spectra Biologie:
Pr. CAMBAU, pouvez-vous nous présenter votre groupe hospitalier et votre laboratoire ?

Emmanuelle CAMBAU: Nous faisons partie de l’un des groupes hospitaliers de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris dénommé « Hôpitaux Universitaires Saint-Louis, Lariboisière, Fernand-Widal », comprenant environ 1 500 lits. Notre pôle de biologie est réparti sur deux hôpitaux : Saint-Louis et Lariboisière. L’hôpital Lariboisière-Fernand Widal comprend environ 700 lits d’aigus et 200 lits de soins de suite de rééducation, gériatrie et psychiatrie. Lariboisière est un des plus gros accueils d’urgences médicale et chirurgicale de Paris, avec environ 100 000 urgences par an. Les infections bactériennes y sont bien représentées puisque que la consommation d’antibiotiques est globalement de 800 doses antibiotiques journalières pour 1 000 journées d’hospitalisation. Ces chiffres montrent l’importance de l’enjeu du diagnostic des infections bactériennes dans notre hôpital. C’est la première mission du laboratoire de bactériologie. C’est pourquoi nous avons lancé un travail exhaustif sur le diagnostic des bactériémies et fongémies, en particulier avec le Dr PÉAN DE PONFILLY, assistant spécialiste dédié à ce projet depuis un an. Le laboratoire de bactériologie est en instance d’accréditation.


Spectra Biologie:
Quels sont pour vous les défis à relever en matière d’examens bactériologiques, et notamment concernant les hémocultures ?

Emmanuelle CAMBAU : Le laboratoire de bactériologie n’étant pas dans le même bâtiment que la réception commune et le réseau pneumatique, il est d’abord essentiel de bien nous organiser par rapport aux services cliniques de l’hôpital. Je pense que nous avons sous-estimé ce problème durant les cinquante dernières années en isolant les laboratoires des cliniciens prescripteurs. Il est primordial d’y remédier en coordination avec nos collègues cliniciens et biologistes, ainsi qu’avec la direction de l’établissement. Nous devons défendre un objectif purement médical pour améliorer la prise en charge des infections bactériennes urgentes. Notre organisation se doit d’être cohérente avec le diagnostic attendu. Nous sommes face à des infections graves, des malades ayant un risque de décès de 5 à 50 % en cas de choc septique. Il est impossible d’attendre trois jours pour faire le diagnostic d’une infection pour laquelle il a été bien démontré que plus l’administration du traitement antibiotique adapté est retardée, plus le risque de mortalité est élevé.

On peut envisager une situation idéale qui serait de mettre des automates dans les services cliniques.Toutefois, la manipulation des automates de bactériologie n’est pas le métier des soignants dans un service clinique. De plus, le risque de sécurité biologique serait transposé dans les services cliniques. Il faut donc rapprocher le laboratoire des services cliniques. Nous sommes dans une démarche d’amélioration, en partenariat avec nos fournisseurs, pour disposer d’automates faciles à charger, avec un contrôle du volume de sang. Nous allons dans la bonne direction.


Spectra Biologie : 
Vous étiez équipés de BACT/ALERT® 3D et vous avez évolué vers deux automates BACT/ALERT® VIRTUO® pilotés par le logiciel MYLA®. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

Emmanuelle CAMBAU : La principale raison de notre choix a été de pouvoir mettre à disposition un automate d’hémocultures avec un chargement immédiat la nuit. Par conséquent, le système ne devait pas avoir besoin d’une équipe technique spécialisée pour charger et décharger les flacons, comme l’imposait le BACT/ALERT® 3D. Avec le BACT/ALERT® VIRTUO®, cette tâche a pu être confiée au personnel de la réception commune de biologie, située près du terminal des pneumatiques. La nuit, ce personnel non spécialisé en bactériologie effectue les opérations de chargement des flacons d’hémocultures sur un module A de BACT/ALERT® VIRTUO® que nous avons choisi d’installer dans cette réception commune ouverte 24 h/24.

Une seconde raison a motivé notre choix : la mesure du volume de sang dans le flacon, paramètre nouveau qui fonde notre démarche d’amélioration de la qualité de notre diagnostic. Nous avons démarré notre activité sur les BACT/ALERT® VIRTUO® au début de l’année 2017.

Gauthier PEAN DE PONFILLY : La solution MYLA®  nous permet de superviser à distance la bonne exécution des tâches sur le BACT/ALERT® VIRTUO® pourtant situé en dehors de notre laboratoire.


Spectra Biologie : 
Comment s’est déroulée l’installation ?

Gauthier PEAN DE PONFILLY : Les deux modules BACT/ALERT® VIRTUO® sont connectés au système MYLA®, lequel est physiquement installé sur le site de l’hôpital Saint-Louis. Mais MYLA® est connecté sur le SIL commun équipant l’ensemble du pôle de biologie, ce qui nous a permis d’y avoir accès. Les ingénieurs d’application bioMérieux sont venus sur site pour former le personnel. La formation s’est faite sur deux jours, avec une présentation générale, un enseignement pratique sur les automates et une formation sur le logiciel MYLA®.

En complément, nous avons fait le paramétrage de notre système d’information du laboratoire (SIL), en collaboration avec bioMérieux et MIPS, pour mettre en œuvre le transfert des résultats de la solution MYLA® et BACT/ALERT® VIRTUO® vers le SIL GLIMS.


Spectra Biologie : 
Quel est pour vous l’intérêt de disposer d’un tel indicateur avec le logiciel MYLA® ?

Emmanuelle CAMBAU : Cet indicateur MYLA® nous a permis de justifier l’achat du BACT/ALERT® VIRTUO® et de son utilisation pendant la nuit. L’identification du délai particulièrement long de mise en incubation (13 heures), délai rarement mesuré dans les laboratoires, nous a permis d’obtenir le soutien de plusieurs collègues pour obtenir le budget nécessaire et la réorganisation du travail de nuit.

Gauthier PEAN DE PONFILLY : Nous avons maintenant comme objectif d’établir un retour d’expérience après un an d’utilisation pour évaluer la différence entre avant et après la mise en service de cette nouvelle organisation. Nous savons déjà que nous sommes passés à un délai moyen de mise en incubation de l’ordre de 2,5 heures, les recommandations étant d’effectuer une mise en incubation dans les 2 heures qui suivent le prélèvement.


Spectra Biologie : 
Quels sont les avantages de la solution conjointe MYLA® – BACT/ALERT® VIRTUO® ?

Gauthier PEAN DE PONFILLY : MYLA® permet facilement de faire le point sur le nombre d’hémocultures prélevées par patient et par service clinique. Il devrait pouvoir bientôt estimer le volume de sang prélevé par épisode infectieux par patient. Les études permettant d’évaluer ce volume sont difficiles à réaliser. Pour alimenter nos indicateurs qualité, nous ne mesurions les volumes qu’une seule fois par an pour réaliser alors qu’il était impossible de les anticiper. MYLA® va nous permettre d’optimiser et de standardiser la mesure de ce paramètre « sensible », en temps réel, Par conséquent, nous serons en mesure de former les services cliniques avec des chiffres à l’appui.

Si l’importance de respecter un volume de sang prélevé, idéalement de 40 mL, est évidente pour le laboratoire, c’est loin d’être le cas pour les professionnels des services. L’utilisation de la solution conjointe MYLA®-BACT/ALERT® VIRTUO® a un impact direct sur la qualité de notre relation avec les services et sur notre diagnostic. MYLA® nous informe aussi très vite des dérives comme un allongement des délais de chargement ou de déchargement.

Cela nous permet de prendre plus rapidement les mesures correctives nécessaires. Les statistiques de MYLA® fournissent des informations précieuses. L’extraction de toutes les hémocultures prélevées sur une période donnée avec leur statut, positif ou négatif, nous permet le calcul d’un pourcentage de positivité sur le nombre d’hémocultures ou sur le nombre de flacons, en mode aérobique ou anaérobique. Nous pouvons aussi obtenir le délai moyen de positivité. Afin de veiller à la bonne utilisation des automates, et notamment du BACT/ALERT® VIRTUO® situé dans l’espace d’accueil commun des prélèvements, nous avons mis en place un suivi statistique dans MYLA® du délai de déchargement, qui actuellement reste contenu entre ¼ d’heure et ½ heure, ce qui est tout à fait correct. Les agents et techniciens intervenant sur le site d’accueil commun se sentent d’ailleurs valorisés depuis l’installation du BACT/ALERT® VIRTUO® et sont demandeurs de nouvelles tâches à réaliser.


Spectra Biologie : 
Quels indicateurs qualité utilisez-vous sur MYLA® ?

Gauthier PEAN DE PONFILLY : Tout d’abord, un indicateur annuel : le taux de positivité qui devrait se situer entre 10 et 15 %. Auparavant, nous devions le déterminer à partir des données de notre SIL, ce qui n’était pas facile. Aujourd’hui, nous l’obtenons en temps réel sur MYLA®, en deux clics, par flacon et par hémoculture (1 ponction avec 2 flacons).

Emmanuelle CAMBAU Cet indicateur nous permet de savoir si nous restons bien à un taux suffisamment élevé. Notre objectif est de l’augmenter encore grâce au suivi du volume, qui est pour nous le deuxième indicateur important.


Spectra Biologie : 
Quels autres indicateurs souhaitez-vous mettre en place sur MYLA® ?

Emmanuelle CAMBAU : Le taux de contamination est un indicateur très important que nous ne pouvons pas déterminer en permanence, sauf dans quelques cas évidents, faute d’informations recueillies dans les services cliniques, en dehors d’études spécifiques réalisées. MYLA® peut nous aider grâce à l’interprétation du nombre de flacons positifs prélevés dans les cinq jours pour un patient afin de déclencher la question « s’agit-il d’une contamination ? » à laquelle nous serons à même de répondre. Je souhaite aussi ajouter des indicateurs généraux pour vérifier si nous prélevons assez d’hémocultures par rapport à l’activité de notre hôpital.


Spectra Biologie : 
La solution conjointe MYLA®-BACT/ALERT® VIRTUO® a-t-elle un impact sur votre organisation pour optimiser votre délai de rendu de résultats ?

Emmanuelle CAMBAU : Dans le délai de rendu de résultats, entrent en jeu les étapes concernant le traitement des flacons positifs. Aujourd’hui, le laboratoire de bactériologie étant fermé la nuit et la garde commune étant réservée aux patients arrivant aux urgences, il n’y a pas de prise en charge des flacons positifs pendant la nuit. Pour des contraintes de locaux et de personnel, nous ne sommes pas encore en mesure de rendre le service idéal. MYLA® nous fournit des informations stratégiques nous permettant d’aborder le sujet de notre restructuration de manière objective avec nos collègues cliniciens et notre direction.